Monday, May 26, 2008

Recension de Rich, Pacific Asia in Quest for Democracy

Roland Rich, Pacific Asia in Quest of Democracy, publié chez Rienner en 2007.

Je n’ai pas trouvé rassurant d’apprendre que l’auteur de cet ouvrage avait détenu la bourse Reagan chez le National Endowment for Democracy, à Washington. Mais nous devons tous prendre l’habitude de prendre en ligne de compte des travaux écrits par des politologues américains qui sont ouvertement d’extrême droite, et dont les prémisses de recherche sont tirées de ces positions. L’ouvrage de M. Rich, qui n’est pas américain mais australien, n’est ni le premier ni le dernier chercheur qui appartient à cette catégorie. Il s’agit donc plus d’une polarisation plus appuyée qu’entièrement nouvelle à laquelle on fait face avec Pacific Asia in Quest of Democracy.

L’auteur de l’ouvrage qui nous occupe est un diplomate expérimenté qui désire maintenant terminer sa carrière par la vérification d’une hypothèse qu’il portait depuis un certain temps. Le premier choix qu’il se fixe est celui de la tâche à accomplir. Il se propose de passer en revue les institutions démocratique des états de l’Asie-Pacifique depuis la Corée jusqu’en Indonésie au sud et à la Thaïlande à l’est. Ce choix audacieux me paraît à moi, l’auteur d’ouvrages pourtant très ambitieux, presque impossible à réaliser. Il aurait mieux fait d’annoncer plus tôt ce qu’il a entrepris de fait, c’est-à-dire de restreindre ce projet à la Corée du sud, à Taïwan, à Singapour, aux Philippines, et à la Thaïlande et à l’Indonésie., excluant de son projet, le Vietnam, le Cambodge, et le Laos, mais surtout la très importante Chine, ainsi que la Malaysie en pleine évolution démocratique. La tâche annoncée est beaucoup trop grande, et il se doit de la restreindre, mais lorsque Rich le fait, il le fait d’une façon qui pose question au lieu d’augmenter sa crédibilité.

Cela fait, Rich revoit plusieurs domaines politiques à la recherche d’indications démocratiques. Parmi ces domaines l’on retrouve les institutions démocratiques où il analyse les rapports de pouvoirs et des systèmes parlementaires et des systèmes présidentiels, mais aussi la cohérence des systèmes électoraux qui choisissent les premiers ministres ou les présidents, et l’intégrité des institutions et procédures qui régissent tout celà. Nous n’en sommes toujours qu’au troisième chapitre. Au quatrième, Rich examine le développement et les applications du droit, au cinquième les partis politiques, au sixième les caractéristiques et les principes du leadership de ces pays et jusqu’à quel point il accepte les règles démocratiques. Le chapitre 7 porte sur le discours public et le rôle des mass media. Le chapitre 8 examine la culture politique, y compris les effets du confucianisme, où il rejette le stéréotype des asiatiques conformistes et soumis. Le chapitre 9 cherche à expliquer pourquoi les démocraties s’assemblent mais ne se ressemblent pas. Arrivant essoufflé au dernier chapitre, le lecteur reçoit l’explication de tout ce qui a précédé. Je vous rassure : il conclue tout simplement que les allures d’une démocratie à l’autre sont aussi variables que la forme du corps humain d’une personne à l’autre. Le sprint n’aboutit pas.

Les choix de recherche fait par Rich reflètent les limites de sa rigueur. On voit donc d’un œil différent ses propos peut-être badins d’avoir choisi d’écrire un essai parce qu’il n’avait ni le talent nécessaire à l’écriture d’un roman, ni la célébrité nécessaire à la publication de ses mémoires. On m’accusera de le prendre au pied de la lettre si l’on veut, mais il m’a paru y avoir quelque vérité dans ces aveux bonhommes. Autrement, je ne sais pas quoi dire d’un ouvrage aussi naïf qui, s’il ne sombre pas dans le silence de l’oubli, devrait normalement être attaqué de toute part. Il n’en demeure pas moins que cet ouvrage est écrit clairement, que l’auteur a fait son devoir et cite amplement la littérature savante, et que ces travaux ont été parrainé par des auteurs plus connus. Mais une enquête de cette envergure exigerait normalement une nombreuse équipe de recherche et de longues années de travaux imposants. Il n’est qu’alors possible de cerner quelque chose de signifiant, si en partant le raisonnement est loin d’être aussi rudimentaire et les concepts aussi relâchés dans leurs applications. J’aurais préféré de ne pas voir se terminer une carrière diplomatique d’un citoyen d’une nation alliée sur un aussi bas point.

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